A la découverte des fables

Que peut-on dire des fables ?

Une fable peut être longue ou courte. Elle est parfois écrite en prose (comme celles d'Esope) ou en vers (comme celles de La Fontaine). Une fable est un récit qui donne à réfléchir. Elle renseigne sur la vie des hommes. Les personnages des fables sont des personnages de la vie réelle. Une fable est écrite pour les êtres humains, les adultes ou les enfants.

Exemple de fables écrites en prose et en vers : 

Le corbeau et le renard d'Esope (écrite en prose)

Un corbeau, ayant volé un morceau de viande s'était perché sur un arbre. Un renard l'aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n'était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu'il le serait devenu sûrement, s'il avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit "O corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux".

Cette fable est une leçon pour les sots.

Le Corbeau et le Renard de La Fontaine (écrite en vers)

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois".
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute".
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Les titres des fables

Les titres des fables nous indiquent que des personnages différents sont mis en scène : des animaux, des plantes, des objets, des êtres humains. Certains noms portent une majuscule. Ils fonctionnent alors comme des noms propres.

Exemples :

Le Loup et l'Agneau

La Cigale et la Fourmi

Le Chêne et le Roseau

La Laitière et le Pot au lait

Etymologie du mot "fable"

Le mot fable est formé à partir du mot latin "Fabula", lui-même dérivé du verbe "fari" = "parler". Ce mot latin signifie d'abord "propos, paroles" puis il prend le sens de l'histoire.

D'après son étymologie, le mot fable signifie donc "histoire racontée". Il est apparu en français en 1190 soit à la deuxième moitié du XIIe siècle.

Définition

Dans le langage courant, ce mot a pour sens "récit à base d'imagination". Le plus souvent, il désigne un court récit à base d'imagination écrit en vers. Il met en scène des animaux dont l'intention est d'exprimer une vérité générale, qui débouche sur une morale.

Rapprochement avec des mots de la même famille 

Affable : personne qui écoute et parle volontiers à ceux qui s'adressent à lui.

Affabuler : au sens littéraire cela signifie "organiser en épisodes continus le thème d'une oeuvre d'imagination"; le deuxième sens du mot affabuler est "inventer, mentir".

Affabulateur : personne qui pratique le mensonge et l'invention systématique d'histoires.

Fabliau : vient du picard fabliau, lui-même issu du latin "fabula". Cela signifie littéralement "petit récit". Dans la littérature française du Moyen-Age, c'est le nom qu'on donne à de petites histoires en vers simples et amusantes, pour distraire ou faire rire les auditeurs et les lecteurs et donner des leçons de morale.  

Fabuleux : qui a trait aux légendes, à la mythologie ou à la fable.

Fabuliste : auteur qui compose des fables. Le fabuliste utilise le procédé de personnification.

La composition de la fable 

La fable, récit court et vivant grâce à son dialogue a pour but d'instruire et plaire. Elle se compose généralement de deux parties : le récit et la morale (que La Fontaine appelait : le corps et l'âme).

La leçon (ou morale) à dégager de l'histoire peut se trouver avant ou après le récit, ou encore être totalement absente. Dans ce cas, c'est au lecteur de la formuler.

Exemple d'une fable de La Fontaine où l'on retrouve en première partie le récit et en seconde partie la morale : 

La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf 

Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point". La chétive Pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

 La personnification

La personnification est un procédé qui consiste à parler d'un animal, d'un végétal ou d'un objet comme s'il s'agissait d'une personne.

A titre d'exemple, la fable de La Fontaine écrite en 1668 :

Le Chêne et le Roseau

Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête.
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste,
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin". Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

La versification

Qu'est-ce qu'un vers ?

La Fontaine aurait pu tout écrire en continuant sur une même ligne, c'est-à-dire en prose. Retourner volontairement à la ligne pour continuer la même phrase s'appelle écrire en vers (vient du latin "versus" = le retour).

Comment reconnaître les différents types de vers ?

On les reconnaît en comptant le nombre de syllabes dont ils sont composés.

- l'octosyllabe est un vers composé de huit syllabes,

- le décasyllabe est un vers composé de dix syllabes

Le plus beau vers est l'Alexandrin, il est composé de 12 syllabes !

Exemple le dernier vers de la fable "Le Corbeau et le Renard" de La Fontaine est un Alexandrin :

Ju/ra, mais/ un/ peu /tard/, qu'on/ ne/ l'y /pren/drait /plus.

Pourquoi écrire en vers ?

Le poète donne du rythme à son texte par les pauses en fin ou en milieu de vers. Il choisit un certain nombre de syllabes prononcés en vers, ainsi que des rimes qui répètenet le même son en fin de vers. Il se créé ainsi un rythme comme en musique.

Le poète change aussi de vers selon le personnage ou la situation : l'alexandrin servira plutôt à décrire les puissants alors que le décasyllabe ou l'octosyllabe décrira en général des personnages  plus familiers.

L'adaptation et la réécriture des fables 

Après La Fontaine, ses fables ont été adaptées pour la mise en scène comme dans le spectacle créé par l'américain Robert Wilson pour la Comédie Française en 2004 où des acteurs interprètent "La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf". Le spectacle est alors complet car il est à la fois : visuel, sonore et animé et un effort particulier est apporté sur les décors.  Mais elles ont été aussi réécrites par différents auteurs comme Françoise Sagan qui renverse totalement la situation dans sa fable "la Fourmi et la Cigale" écrite en 1989. Dans cette réécriture moderne et pleine d'humour, la fourmi est dans l'embarras et la cigale triomphe !

La Fourmi et la Cigale

La Fourmi ayant stocké
Tout l’hiver
Se trouva fort encombrée
Quand le soleil fut venu :
Qui lui prendrait ses morceaux
De mouches ou de vermisseaux ?
Elle tenta de démarcher
Chez la Cigale sa voisine,
La poussant à s’acheter
Quelques grains pour subsister
Jusqu’à la saison prochaine. 
" Vous me paierez, lui dit-elle,
Après l’oût, foi d’animal,
Intérêt et principal".
La Cigale n’est pas gourmande :
C’est là son moindre défaut.
"Que faisiez-vous au temps froid ?
Dit-elle à cette amasseuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je stockais, ne vous déplaise.
- Vous stockiez ? j’en suis fort aise ;
Et bien ! Soldez maintenant".