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Zola, sa vie, ses oeuvres

Emile Zola (1840-1902)

"Pas un jour sans une ligne" Nulla dies sine linea

manet-peint-zola-la-bonne-j-espere-1.jpgPORTRAIT-DEMILE-ZOLA-1868.jpg Zola peint par son ami Manet en 1868 

Emile Zola, de son véritable nom Emile Zollanaît à Paris le 2 avril 1840, 10 rue Saint-Joseph. Il est le fils d'un ingénieur d'origine italienne, François Zola, auteur de multiples mémoires et projets dont le percement du canal d'Aix-en-Provence et d'Emilie Aubert. C'est à Aix-en-Provence, où ses parents s'installent ensuite qu'il passe son enfance.

Il a sept ans lorsque son père décède le 27 mars 1847. A partir de ce moment, la famille Zola connaît d'épouvantables difficultés financières. Au collège Bourbon d'Aix-en-Provence, il a pour camarade de classe Paul Cézanne, le futur peintre.

En 1858, Zola entre au lycée Saint-Louis à Paris. Il échoue au baccalauréat un an plus tard. ll abandonne ses études et exerce différents petits emplois.

En 1862, il se fait embaucher à la librairie Hachette où on lui confie des tâches ingrates telles que de ficeler les paquets pour envoi ! Puis, il entre au service de la publicité de la maison. Là, il rencontre quelques écrivains célèbres : Lamartine, Michelet, Taine, Saint-Breuve et comprend surtout l'importance de la publicité dans le succès d'un roman. Il se lance dans le journalisme et signe des critiques littéraires et artistiques dans différents journaux. Il se fait remarquer en prenant la défense du peintre Edouard Manet dont certains tableaux, notamment Olympia, qui représente une prostituée, font alors scandale.

En 1864, il rencontre Gabrielle-Alexandrine Meley qu'il épousera le 31 mai 1870. Mais c'est avec Jeanne Rozerot rencontrée à Médan au printemps de 1888 qu'il aura deux enfants (Denise née le 20 septembre 1889 et Jacques, né le 25 septembre 1891).

En 1865, il devient chroniqueur au Petit Journal et critique littéraire au Salut public de Lyon.

En janvier 1866, il décide de quitter la librairie Hachette pour se consacrer entièrement à la littérature. Il a déjà publié les Contes de Ninon en 1864 et La Confession de Claude en 1865.

En 1866 et 1867, il rédige des articles virulents en faveur des Impressionnistes et notamment de Manet, Guillemet, Pissaro. Mais il prépare surtout un roman qu'il appelle sa "grande étude psychologique et physiologique" : Thérèse Raquin.

A partir de 1868-1869, il conçoit un grand projet littéraire : écrire la chronique d'une famille du Second Empire, les Rougon-Macquart, sur plusieurs générations, depuis l'aïeule qui est prise de folie et meurt démente, jusqu'à tous ses descendants (des banquiers, des ouvriers, des artistes, des industriels, des ivrognes et des prostituées). C'est un projet colossal. Il envoie les premiers plans à l'éditeur Lacroix entre fin 1868 et début 1869. Zola se met au travail avec cette devise "Pas un jour sans une ligne" (Nulla dies sine linea).

Les premiers volumes des Rougon-Macquart sont d'abord publiés en feuilleton dans différents journaux puis édités. Ils se succèdent à un rythme rapide. La Fortune des RougonMacquart publié en 1871, la Curée en 1872, le Ventre de Paris en 1873...C'est à partir de l'Assommoir en 1877, le septième volume de la série que Zola devient célèbre car le livre fait scandale. Ce qui lui vaut un grand succès !

L'Assommoir est suivi d'une Page d'Amour en 1878 et de Nana en 1880. Dans Pot-Bouille écrit en 1882, Zola raconte l'ascension sociale d'Octave Mouret, qui peu à peu, par les femmes, se hisse dans le milieu de la grande bourgeoisie, et que l'on retrouve dans Au Bonheur des Dames en 1883, au sommet de sa réussite puisqu'il dirige l'un des plus grands magasins de Paris. Il y aura ensuite Germinal en 1885, qui dépeint le monde ouvrier, les mines et les grèves ou encore la Bête humaine en 1890, qui raconte l'univers du chemin de fer.

Zola écrit ses romans après avoir au préalable mené une enquête minutieuse sur le terrain, rassemblant des notes, des documents, des témoignages. Avant de rédiger "Au Bonheur des Dames", il s'est immergé pendant plusieurs semaines dans les grands magasins parisiens (le Bon Marché et les Grands Magasins du Louvre), où il a observé les clientes, interrogé les vendeuses, les commis et les chefs de rayon. 

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A la Une du Journal l'Eclipse, en 1876, une caricature de Zola montre l'écrivain en train d'étudier à la loupe le personnage qu'il va disséquer pour en faire un documentaire humain.

Zola se veut "naturaliste". Le naturalisme, dans les lettres, c'est le retour à la nature et à l'homme, l'observation directe, l'anatomie exacte, l'acceptation et la peinture de ce qui est. En bref, il s'agit de décrire la réalité telle qu'elle est, les hommes tels qu'ils sont, même si ce qu'on montre est laid, choquant, sordide, comme par exemple les ravages de l'alcool dans le monde ouvrier.

L'hérédité intéresse beaucoup Zola qui pense qu'elle pèse lourdement sur les pensées, les motivations et les actes de l'homme ou de la femme, et ce, dès l'enfance.  Selon lui, l'hérédité est un mécanisme profond, intérieur et implacable, qui pousse l'être humain à agir, dès lors victime de sa situation sociale amplifiée par la lutte des instincts.

Grâce au succès de ses romans, Zola a pu s'acheter, dès 1878, une grande maison à Médan dans les environs de Paris. Il y réunit ses amis écrivains comme Guy de Maupassant, pour des fameuses soirées littéraires "les soirées de Médan". Zola s'est imposé comme le chef de file du naturalisme qui compte notamment Paul Alexis et Guy de Maupassant. Ce nouveau courant littéraire défini par Zola lui-même comme une démarche scientifique consiste, pour l'écriture, à observer le monde à la loupe, dans ses moindres détails, à l'analyser sans parti pris, pour en comprendre les mécanismes.                       zola-caricature-2070.jpg

Cettre caricature de 1879 montre Zola, chef de file du naturalisme, en plein examen avec sa loupe

Si Zola est impitoyable dans la peinture qu'il fait des hommes, de leurs vices et de leurs défauts, il n'en est pas moins bouleversé par ce qu'il voit et constate, lors de ses enquêtes, notamment par les sinistres conditions de vie du monde ouvrier et du petit peuple de Paris. Ainsi, peu à peu, il adopte les idées socialistes, devenant désormais un auteur engagé, un romancier de la protestation sociale et de l'indignation.

Le combat le plus célèbre de Zola est son engagement dans l'affaire Dreyfus dont voici le résumé des faits :

En 1894, un capitaine de l'armée française, Alfred Dreyfus, est accusé d'avoir livré des informations secrètes aux Allemands. Il est jugé sommairement et condamné au bagne. A cette occasion, on assiste, en France, au déchaînement de l'antisémitisme (la haine des juifs), car Dreyfus est juif. Or deux ans plus tard, il apparaît que Dreyfus a probablement été condamné à tort. Les faits qui lui ont été reprochés ont été commis par un autre officiel, lequel est jugé en janvier 1898 puis est acquitté.        le-petit-journal-du-13-janvier-1895-l-affaire-dreyfus.jpg

Le Petit Journal du dimanche 13 janvier 1895 illustre sa première page en montrant la dégradation du captitainte Alfred Dreyfus

L'affaire divise alors la France entière. D'un côté : les dreyfusards qui pensent, à juste titre, que Dreyfus est innocent. De l'autre côté, les antidreyfusards qui croient à la culpabilité de Dreyfus. Zola lui, est convaincu de l'innocence de Dreyfus. Il publie dans le journal l'Aurore une lettre ouverte intitulée "J'accuse...!" Il accuse, en effet, l'armée de trahison et de mensonge. Il dénonce notamment les généraux coupables d'antisémitisme.  

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Cette lettre parue dans le journal l'Aurore le 13 janvier 1898 est adressée au Président Félix Faure

Un procès pour diffamation s'ouvre alors contre Zola. Il est condamné à un an de prison et à une lourde amende. Pour échapper à la prison, il part en exil à Londres. Mais rien ne saurait le faire taire : "Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice", dit-il. A son retour en France, un an plus tard, il publie de nouveaux articles sur l'affaire Dreyfus, réunis dans un volume, sous le titre de "Vérité en marche".

Le 29 septembre 1902, Zola est retrouvé mort dans sa villa. Une mort par asphyxie "accidentelle" dit la police, qui attribue la cause du décès au mauvais fonctionnement d'une cheminée...Mais le doute plane car en prenant la défense de Dreyfus, Zola s'était fait beaucoup d'ennemis. Son "asphyxie" a peut être été préparée et provoquée par des extrémistes antisémitistes qui auraient intentionnellement bouché le conduit d'une cheminée de sa villa ... Bien des thèses ont été évoquées, sans apporter de réponses sur la véritable identité du responsable de sa mort...

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La propriété d'Emile Zola à Médan

Zola ne s'est pas battu pour rien. En 1906, le capitaine Dreyfus a finalement été reconnnu innocent des crimes dont il était accusé et a été réintégré dans l'armée française.

Deux ans plus tard en 1908, les cendres de Zola ont été transférées au Panthéon, monument où reposent les grands hommes de la Nation.