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Edouard Manet

                                              Edouard Manet (1832-1883)

"Je peins ce que je vois, et non ce qu'il plaît aux autres de voir"(Manet). 

                                                    

                                                                           Autoportrait - 1878

Edouard Manet naît le  23 janvier 1832 à Paris. Il est issu d'une famille de la bourgeoisie parisienne. Son père, Auguste Manet est haut fonctionnaire du ministère de la justice et sa mère Eugénie-Désirée Fournier est la fille d'un diplomate. Edouard Manet aurait dû être officier de marine mais il échoue au concours de l'Ecole Navale. Il s'embarque néanmoins sur le bateau école "Le Havre et Guadeloupe" pour une traversée Le Havre-Rio de Janeiro comme simple pilotin. Au cours de son voyage, Manet réalise des caricatures de l'équipage.

A son retour, en 1850, il entre dans l'atelier de Thomas Couture et commence une formation de peintre qui durera six ans. Puis, il séjourne dès 1852, parallèlement à son apprentissage, en Hollande, en Allemagne et en Italie pour parfaire ses études sur l'art. Ses premières peintures sont des copies de tableaux de peintres tels que Titien, Delacroix ou Courbet.  Il rencontre Baudelaire par  l' entremise d'un ami et fait la connaissance de Degas au Louvre.

En 1856, Manet quitte définitviement l'atelier de Thomas Couture et s'installe rue Lavoisier avec le peintre animalier  le comte Albert de Balleroy . La première toile qu'il réalise en 1858 est "le buveur d'absinthe". Il l'enverra au Salon de 1859 mais elle sera refusée, jugée trop peu académique par les membres du jury dont son ancien professeur Thomas Couture avec qui il ne s'entendait pas très bien. 

                                                                     

                                                                  Le Buveur d'Absinthe - 1858

En 1860, Manet est très affecté par le suicide, dans son atelier, d'Alexandre un jeune garçon qu'il avait recueilli et qui lui nettoyait sa palette et ses brosses. Manet l'avait pris pour modèle pour réaliser : "l'enfant aux cerises". Il emménagera rue de Douai après le drame (drame qui sera raconté par Baudelaire dans un poème en prose intitulé "la corde", à Edouard Manet, car Alexandre avait été retrouvé pendu).

                                      

                                              L'enfant aux cerises - 1858

 En 1861, il est admis au Salon où il obtient une mention honorable pour le portrait de "Monsieur et Madame Manet".

                                       

                                       Portrait de Monsieur et de Madame Manet - 1861

L'année 1862 est marquée par le portrait de Lola de Valence, une danseuse espagnole qui fait alors fureur à Paris. Enthousiasmé par ce tableau, Charles Baudelaire écrivit ce quatrain :

                                  "Entre tant de beautés que partout on peut voir,

                                    Je comprends bien, amis, que le désir balance ; 

                                    Mais on voit scintiller en Lola de Valence

                                   Le charme inattendu d'un bijou rose et noir".  

                                  

                                               Lola de Valence - 1862

Outre Lola, Manet fait la connaissance de Victorine Meurent dans l'atelier de Thomas Couture. Elle devindra son modèle pour deux oeuvres qui marqueront l'histoire de la peinture : "Déjeûner sur l'herbe" et "Olympia" inspiré d'un tableau de Titien "La Vénus D'Urbin". Le premier tableau "Déjeuner sur l'herbe" constitua l'attraction principale du Salon des Refusés de 1863. Manet avait volontairement simplifié la perspective et accentué sur les contrastes de masses et de couleurs, ce qui devait lui valoir des critiques acerbes de la part d'Ernest Chesneau (critique de l'époque) qui ne trouva rien de mieux que de "renvoyer Manet à ses études" en écrivant que : "Mr Manet aura du talent le jour où il saura le dessin et la perspective ; il aura du goût le jour où il renoncera à ses sujets choisis en vue de scandale". Aujourd'hui, cette oeuvre est devenue emblématique de l'art moderne. Finalement, ce qui a choqué à l'époque, n'était pas tant la nudité, mais le réalisme de ce nu et la juxtaposition du nu et des vêtements de ville des deux hommes. 

                               

                                                            Déjeûner sur l'herbe - 1863                                 

                                

                                                                                Olympia - 1863

La toile "Olympia" réprésente le thème de la prostitution sous le Second Empire. L'atmosphère générale de l'érotisme est renforcée par les chaussures portées par le modèle et la présence du chat noir, signifiant vraisemblablement une présence masculine. Ce chat remplace l'innocent chien, symbole de fidélité, que l'on voit dans la Vénus d'Urbain.

                                  

                                                   La Vénus d'Urbain par Titien - 1538

Ce fut le creux de la vague pour Manet. Il partit en Espagne pour étudier Velasquez et Goya au musée du Prado mais y demeura moins d'une semaine.

                                                 

                                      Combat de taureaux - 1865

En octobre 1863, Manet épouse sa compagne Suzanne Leenhoff avec qui il eut un fils, Léon, en 1852 (fils qu'il ne reconnaîtra jamais mais qui lui servit de modèles dans différents tableaux).

      

 L'enfant à l'épée - 1861                   Le déjeuner dans l'atelier - 1868

En 1866, "le Fifre" fut refusé au Salon. Le tableau met en évidence l'admiration de Manet pour Velasquez. En effet, le thème de la toile de même que la posture du personnage s'inspirent des portraits de nains et de bouffons réalisés par Diego Velasquez autrefois. Le tableau fut appelé "la carte à jouer". Emile Zola prendra la défense de cette toile en publiant un article dans l'Evènement.

                                                  

                                                      Le Fifre - 1866         

En 1867, tous ses envois, furent rejetés.

L'année 1868 fut de meilleur augure pour Edouard Manet. C'est l'année où le peintre Fantin-Latour lui présenta Berthe Morisot . Elle devint l'élève et le modèle de Manet. On la retrouve dans plusieurs de ses toiles : "le Balcon" vers 1868, "le Repos" - 1870, "Berthe Morisot à l'évantail" - 1872.

     

        Le Balcon - 1868                             Le repos - 1870               Berthe Morisot à l'éventail - 1872

Pour rendre hommage à une longue relation artistique et certainement amoureuse avec son modèle Victorine Meurent, Manet réalise un dernier portrait d'elle : "Le chemin de fer" .  La scène se passe  juste au-dessus de la voie ferrée de la gare Saint-Lazare, proche de l'atelier de Manet et du quartier des Batignolles. Une femme respectable tient sur ses genoux un chien sagement endormi...Elle est accompagnée d'une petite fille, joliment vêtue qui observe à l'arrière-plan les locomotives suggérées par les nuages de fumée.

                           

                                  Le chemin de fer - Manet - 1872

Manet connaîtra ensuite des années pendant lesquelles il alternera les succès et les échecs. Les bonnes critiques faites au "Bon Bock" présenté au Salon de 1873 l'incitèrent peut être à ne pas exposer avec ses amis chez Nadar en 1874 lors de la fameuse exposition  qui devait baptiser le mouvement impressionniste (voir la page consacrée à Claude Monet et plus particulièrement sa toile "Impression, soleil levant").

                                     

                                                  Le Bon Bock - 1873

En voyant le tableau "La dame aux éventails", Berthe Morisot avait prophétisé que : "ce portrait  était un beau portrait d'un japonisme délicieusement français et que c'était une merveille qui irait au Louvre".  La toile se trouve actuellement au musée d'Orsay.

                      

                                         La dame aux éventails - 1873

Cependant, en 1876, le jury du Salon se défiait toujours de Manet et ses envois furent de nouveau refusés... les toiles ne furent donc pas exposées. Devant cette catastophe, Manet décida de réagir en invitant le public à découvrir ses oeuvres chez lui puisqu'il ne pouvait pas les voir au Salon.              

                     

                                                 L'amazone - 1875  

       

                Nana 1877                                     Chez le Père Lathuile - 1879

Vers la fin des années 1800, Manet quitta son atelier de la rue Saint-Pétersbourg pour la rue d'Amsterdam où il trouva de nouveaux sujets dans les brasseries parisiennes. Il en résulta deux chefs-d'oeuvres : "la Serveuse de bocks" - 1878-1879 et "Un bar aux Folies-Bergère" en 1882.

                                   

                                        La Serveuse de bocks 1878/1879   

                     

                                      Un bar aux Folies-Bergère - 1882

Malgré ses soucis avec le Salon, Manet était un homme à la mode.  Emile Zola écrira de lui que : "C'était un Parisien, ébloui par l'élégance et les délicatesses parfumées et lumineuses des soirées". Après les séances de travail, son atelier se remplissait de visages connus : artistes, politiques et financiers venaient y côtoyer les modèles et les actrices en vue. Il y avait bien sûr Emile Zola, même s'il fût parfois un défenseur ambigu de la cause des impressionnistes, Théodore Duret que Manet avait rencontré en Espagne en 1865 et qui devint par la suite son biographe, Antonin Proust, alors secrétaire de Gambetta puis ministres des Beaux-Arts entre 1881 et 1882 qui laissa un livre de souvenirs consacrés au peintre après l'avoir décoré de la Légion d'Honneur le 1er janvier 1882 et Georges Clémenceau, alors âgé de trente-huit ans dont l'éloquence était redoutée de tous.

Manet fut un grand portraitiste. Il nous a laissé un grand nombre de portraits d'hommes illustres ...

                

       Emile Zola - 1868             Stéphane Mallarmé - 1876    Georges Clémenceau - 1879

...et de modèles dont Berthe Morisot, devenue sa belle-soeur et qui demeura pour Manet son modèle préféré puis d'autres femmes que l'on reconnaîtra telles que Nina de Callias, épouse d'un chroniqueur du Figaro, dans "la Dame aux éventails" en 1873.  Il y eut aussi l'actrice, Ellen André, qui posa pour "Chez le père Lathuille" en 1879. Elle avait également posé pour Renoir dans "le Déjeuner des canotiers" et pour Degas dans "l'Absinthe".

Enfin, il y eut Méry Laurent, qui fut, peut être le dernier amour de Manet (Méry Laurent en paletot à col de fourrure - 1882).

                                             

                                             Méry Laurent - 1882

Edouard Manet s'est éteint le 30 avril 1883 à l'âge de 51 ans des suites d'une syphilis qu'il avait contractée à Rio de Janeiro. Il repose au cimetière de Passy.  

L'artiste nous laisse un nombre impressionnant de toiles, de pastels, d'esquisses et d'aquarelles  visibles aujourd'hui dans les plus grands musées du monde.