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Claude Monet

Claude Monet (1840-1926)

 

Autoportrait - 1886

Depuis son enfance au Havre, Monet est fasciné par les mouvements et les couleurs changeantes de la mer. Toute sa vie, la Manche sera pour lui une source d’inspiration. En 1868, Emile Zola écrivait d’ailleurs à son sujet : « Il y a en lui un peintre de marines de premier ordre. Mais il entend le genre à sa façon et là encore je retrouve son profond amour pour les réalités présentes. On aperçoit toujours dans ses marines un bout de jetée, un coin de quai, quelque chose qui indique une date et un lieu. Il aime aussi l’eau comme une amante, il connaît chaque pièce de la coque d’un navire, il nommerait les moindres cordages de la mâture ».

Oscar, Claude Monet naît à Paris le 14 novembre 1840. Issu d’une famille de petits commerçants, il se retrouve à l’âge de 5 ans au Havre.

Peu enclin aux études mais très doué pour le dessin, Monet s’amuse à caricaturer ses maîtres puis les notables havrais. C’est dans la boutique d’un encadreur –papetier de la ville dans laquelle il vend ses premiers dessins qu’il rencontre le peintre Eugène Boudin en 1858. Cette rencontre sera déterminante pour son avenir. Boudin persuadé que Monet alors âgé de 18 ans a un talent qui lui permettrait de faire autre chose que des caricatures, veut qu’il vienne peindre en plein air avec lui.

          

Le 15 avril 1859, Monet débarque à Paris et signe désormais ses toiles sous le nom de « Claude Monet » laissant tomber Oscar, son premier prénom. Il se rend directement au Salon. Tous les artistes contemporains rêvent d’y exposer. C’est le grand évènement annuel autour duquel s’organise toute la vie artistique au cœur d’une époque où on ne compte pas plus d’une dizaine de galeries à Paris. Installée sous les voûtes du palais de l’Industrie, aux Champs-Elysées, cette prestigieuse manifestation lance les artistes, confirme les stars. Toutes les tendances s’affrontent : classicisme, académisme, romantisme, réalisme.

Monet arrive en plein émeute. Le jury n’a admis que 3 045 tableaux sur plus de 8 000 présentés. Les artistes refusés sont furieux et manifestent. Parmi eux, Millet dont la toile « la Mort et le Bûcheron » a été refoulée mais aussi Manet avec « le buveur d’absinthe » et Whistler avec sa toile « Au piano ».

Les grands triomphateurs du Salon où expose Pissaro sont Eugène Delacroix, Corot, Rousseau et Daubigny.

Monet est assez déçu par le Salon. Rien ne le séduit et rien ne l’accroche. Il a le sentiment que le monde de l’art est dans une impasse et que sa prétendue diversité est un leurre pour des milliers de peintres qui travaillent tous en atelier et qui sont toujours dépendant des théories de David. Les institutions de ce monde de l’art imposent une uniformité de goût. Monet se fait alors inscrire à l’Académie suisse où il se lie avec Pissaro. Ce premier séjour est interrompu par le service militaire. Monet l’effectue en Algérie de 1860 à 1862.

De retour au Havre au cours de l’été 1862, il fait la connaissance du peintre hollandais Jongkind dont il apprécie les aquarelles. En compagnie de ce nouvel ami et de Boudin, il peint en pleine campagne, à Honfleur, à Sainte-Adresse puis aux environs du Havre.  Toiles sur Sainte-Adresse :                                                                

    

                              La plage                                                     Les régates          

                        

                                        La terrasse à Sainte -Adresse

En novembre 1862, Monet regagne Paris et entre dans l’atelier du peintre académique Gleyre. Il sympathise avec Frédéric Bazille, Auguste Renoir et Alfred Sisley mais il se lasse de se référer à l’antique. Il cherche une nouvelle manière de voir le monde. Suivi de ses trois amis, il quitte l’atelier de Gleyre.

Au début du printemps 1865, Monet décide de réaliser une composition gigantesque avec des personnages grandeur nature vêtus de costumes contemporains et qui a pour thème Le Déjeuner sur l'herbe. Son idée est de faire une réplique du tableau de Manet qui a provoqué un scandale deux ans auparavant pour avoir peint une femme nue assise auprès d'hommes en costumes. Monet multiplie à cette époque les études de personnages féminins en forêt de Fontainebleau et veut que Bazille vienne poser à Chailly pour les figures masculines. Après plusieurs mois de travail, le Déjeuner sur l'herbe se dessine progressivement dans les sous-bois d'une hêtraie. On y reconnaîtra Frédéric Bazille étendu au pied d'un hêtre, Albert Lambron de Piltières, un camarade de Monet connu à l'atelier de Gleyre, et Alfred Sisley. L'atelier de Monet attire beaucoup de visiteurs qui restent admiratifs devant la toile. La venue très attendue de Gustave Courbet, peintre et politicien qui passe aux yeux de beaucoup de jeunes artistes comme le patriarche idéal déçoit pourtant l'artiste. En voyant le tableau, Courbet comprend que Monet vient de réaliser son premier chef-d'oeuvre. Le contraste avec le tableau de Manet dont il s'inspire est saisissant. Après avoir félicité le peintre, celui-ci se permet de de lui faire des remarques, de lui donner des conseils et des suggestions qu'il n'appréciera pas. Au contraire, vexé de tomber de nouveau sur un donneur de leçons, il n'enverra pas sa toile au Salon de 1866 ! Abandonné en gage en 1878,  Monet récupérera son tableau dans un état lamentable. Il découpera alors deux fragments du tableau qu'il conservera jusqu'à sa mort . L'un deux se trouve au musée d'Orsay, l'autre dans une collection privée. Une version réduite du Déjeuner est conservée au musée Pouchkine à Moscou. 

       

                      Le déjeuner sur l'herbe de Claude Monet - 1865

De 1867 à 1880, il va connaître les pires difficultés : incompréhension et sarcasme du public et de la critique mais aussi de grosses difficultés financières.Il ne cessera de demander de l'argent à Bazille, Manet, Renoir et Caillebotte. 200 de ses toiles sont saisies et vendues aux enchères par lots de 50 francs en 1867 !

    

 Femmes au jardin - 1867               La grenouillère - 1869               Femme à l'ombrelle - 1875

Pour reprendre son souffle, il part à Honfleur. Quand il rentre à Paris en 1869, il est certain d'avoir trouvé sa voie. Il retrouve ses amis et surtout Renoir qui partage avec enthousiasme ses idées : liberté pour l'artiste de peindre ce qu'il veut, comme il le veut. Il faut peindre ce que l'on ressent et non plus ce que l'on voit.

Le 26 juin 1870, Monet épouse son modèle Camille Doncieux (La Dame à la robe verte), avec qui  il a eu un fils, Jean, le 8 août 1867. Puis il quitte la France avec sa famille et se rend en l'Angleterre pour fuir la guerre franco-prussienne. Il fait la connaisance de Paul Durand-Ruel, un marchand de tableaux. Après la guerre, Paul Durand-Ruel sera le plus sûr soutien de ceux qui vont devenir les impressionnistes.

                                                

                                                    Dame à la robe verte

Monet voyage en Hollande avant de regagner la France. En décembre 1871, il s'installe à Argenteuil et retrouve la campagne. C'est ici que Claude Monet fait de ce coin de Seine le foyer de l'impressionnisme.  Renoir, Manet et Caillebotte se joignent à lui. Pour mieux observer les effets de la lumière sur la Seine, Monet se fait construire un bateau qui est un véritable atelier flottant. Monet est l'un des premiers peintres, après Turner, à vouloir traduire sur une toile ce qui est insaisissable : le vent, le soleil, le froid, la brume.

            

                 Le bateau-atelier - 1874                                       Le bateau-atelier - 1876       

                                            

                                    Monet peignant dans son atelier par Manet  1874

Au printemps 1872, il se trouve au Havre et réalise une toile qui deviendra célèbre. Il s'agit de "Impression, soleil levant". Présentée à la première exposition qu'il organise avec Renoir, Degas, Pissaro entre autres, le 15 avril 1874 chez le photographe Nadar, la toile déchaîne aussitôt la critique. Les journalistes voulant être méprisants qualifient cette peinture "d'impressionniste".

             

                         Impression, soleil levant - Claude Monet 1874

Le qualificatif restera et fera de Monet le chef de fil, malgré lui, de ce mouvement. Injurié par ses contemporains, Claude Monet connaît de nouveau de graves difficultés financières.

En 1876, il participe à la seconde exposition impressionniste et envoie 18 toiles qui sont pour la plupart des paysages d'Argenteuil et "la Japonaise" (Madame Monet en costume japonais). 

   

         Le pont d'Argenteuil                                    Le champ de coquelicots  

                                         

                                                        La Japonaise

"La Rue Montorgueil pavoisée", ainsi que toute une série de tableaux sur la gare Saint-Lazare, feront partie  des dernières oeuvres qu'il réalisera dans la capitale. Il se retire à la campagne à Vétheuil près de Mantes-la-Jolie, sur les bords de Seine. 

        

              Gare Saint-Lazare - 1877                    Rue Montorgueil - 1878

                

                             Jardin de Monet à Vétheuil - 1881

Sa femme Camille meurt en septembre 1879, dix-huit mois après la naissance de leur second fils Michel. Pour vaincre sa déprime, le peintre travaille avec acharnement. Il se sent isolé depuis la disparition de Camille et aussi depuis qu'il s'est brouillé avec le groupe des impressionnistes quand il a refusé de participer à leur cinquième exposition en 1880, préférant présenter deux toiles au Salon la même année.

Le 29 avril 1883, il déménage une nouvelle fois. Il loue une petite propriété à Giverny. Il ne sait pas encore qu'il y vivra jusqu'à sa mort, soit près de quarante-trois ans ! Il en fera un des lieux sacrés du mouvement de l'art moderne comme Paul Cézanne  à Aix-en Provence.                                  

            

Monet dans son atelier                                   La barque à Giverny - 1887                                   

     

          Le pont japonais - 1899                    Le Jardin de Monet à Giverny - 1900                          

Monet entreprend la série des "Meules" entre 1884 et 1890 puis celle de la  Cathédrale de Rouen entre 1892 et 1894. Peindre des séries, c'est essayer de concentrer le regard sur l'essentiel. Il voulait  surprendre les variations de la lumière sur un même sujet, au même endroit, à différentes heures de la journée et de l'année. Avant les séries proprement dites, Claude Monet avait déjà expérimenté la répétition d'un même sujet avec la Gare Saint-Lazare.

                  

                                                          Meules, fin de l'été, effet du soir - 1890

                                                    

                                             La Cathédrale de Rouen, plein soleil 1894

A partir de 1900, Monet se consacrera à son ultime oeuvre "Les Nymphéas". Quarante-huit toiles de cette série qui sera exposée le 6 mai 1909 chez Durand Ruel remporteront un énorme succès. Politiciens, artistes et écrivains se presseront à Giverny pour admirer son oeuvre.

  

Le 5 décembre 1926, Claude Monet s'éteint à Giverny à l'âge de 86 ans.

 

     

                     La maison de Claude Monet à Giverny