Le dessin et ses techniques

Comment a évolué le dessin ?

Au cours de leur histoire, les artistes ont dessiné avec différentes techniques ou "médiums" (crayons, pastels, craies...), selon les effets qu'ils voulaient obtenir, et sur tout ce qu'ils pouvaient trouver quand ils n'avaient pas de feuilles sous la main !

Au fil des siècles, ils ont aussi inventé de nouvelles techniques, qu'ils ont souvent mélangées entre elles pour obtenir de beaux effets de lumière et de contrastes...Cela réhausse leurs dessins. Les artistes ont toujours dessiné pour représenter ce qu'ils voyaient, pour passer le temps, pour fixer rapidement une impression, pour préparer la composition d'un tableau ou créer au contraire un dessin très abouti, destiné à être encadré et admiré...Quelles que soient leurs raisons, le dessin a toujours été la "grammaire" de toutes les autres disciplines artistiques : peinture, sculpture, architecture et arts décoratifs.

Les techniques les plus anciennes :

Le fusainun médium préhistorique

Le fusain, c'est du charbon de bois, on s'en met plein les doigts (j'ai essayé...!). C'est déjà ce que les hommes préhistoriques utilisaient pour dessiner sur les parois des grottes. Il tire son nom d'un arbrisseau, le fusain, qu'on carbonisait pour faire le charbon.

Aujourd'hui, on utilise plutôt du bois de saule ou de tilleul, calciné et réduit en poudre pour reconstituer des bâtonnets de "fusains". Ces bâtonnets ne coûtent pas chers et permettent de noircir la feuille à volonté.  Ils permettent de jouer sur une gamme étendue, cela va des noirs les plus intenses aux gris les plus légers.

Pratique, le crayon fusain reconstitué dans les marques Conté, Crétacolor, Faber-Castell, Caran d'Ache...permet d'assurer un travail propre. Ce crayon est constitué d'une mine de fusain compressé qui est enrobée de bois. Cela permet de tailler la mine en pointe,  qui, de plus, résiste à l'écrasement.  C'est une question de choix...

Pour conclure sur le fusain, il existe aussi le crayon de fusain teinté dans la marque Derwent. Il s'agit d'une mine de fusain compressé additionnée de pigment de couleur. Il existe plusieurs teintes.

Retour d'expérience avec le dessin au fusain :

J'achète des fusains vénitiens carrés de 3/4 mm de la marque Lefranc & Bourgeois. Si l'on se trompe, on peut effacer les traits du fusain avec une boule de mie de pain. Cependant, cette gomme absorbe toutes les couleurs avec laquelle elle est en contact, si vous la posez sur le rebord d'un chevalet qui a de la peinture, la gomme "l''absorbera" et lorsque vous effacerez un trait de fusain pour corriger votre dessin, vous retrouverez des traces de la couleur de la peinture sur votre feuille ! Autre chose, le fusain est très fragile, et se casse facilement si on ne le manipule pas "délicatement", il vaut mieux couper le bâtonnet en deux dès le départ, c'est plus facile pour dessiner. De plus, il est friable et ne tient pas sur la face la plus lisse de la feuille. Il est préférable de dessiner sur la face de la feuille qui accroche le plus. Ensuite, on est obligé de le fixer avec un  fixateur spécial pour le fusain....Problème ...l'odeur !  Dans l'atelier de dessin, on peut déjà passer de la laque pour cheveux sur les esquisses, cela permet de les entasser les unes sur les autres, le fusain ne s'étale pas et ne s'estompe pas et les autres personnes du cours ne sont pas trop incommodées par l'odeur de la laque à cheveux.  Une fois rentré chez soi, on pourra vaporiser nos esquisses avec le fixateur à fusain, elles se conserveront mieux dans le temps.  Opération, à pratiquer toutefois dans une pièce bien aérée car l'odeur est vraiment très forte. 

L'encre et l'aquarelle, de très vieilles techniques également

L'aquarelle et l'encre ont un point commun : elles s'utilisent avec de l'eau. Les hommes préhistoriques mélangaient leurs pigments avec leur salive : c 'est l'origine de l'aquarelle, une technique qui n'a jamais cessé d'être employée et qui permet de beaux effets de transparence sur une feuille blanche.

Noire ou sépia (de couleur brune), l'encre existe aussi depuis des millénaires. Appliquée au pinceau, au calame (tige de bambou taillée en biseau) ou à la plume, elle permet de travailler au trait ou au lavis, elle est alors plus ou moins diluée dans l'eau pour faire des traits épais au pinceau, ou des zones d'ombres plus ou moins foncées.

La pointe de métal en argent ou en plomb

De l'Antiquité à la fin du Moyen âge, on se sert beaucoup de stylets en argent ou en plomb pour dessiner. En frottant cette pointe sur un support de bois, de parchemin ou de papier apprêté spécialement, l'artiste obtient des traits fins mais très difficiles à effacer : le dessinateur n'a pas le droit à l'erreur. Son emploi après le Moyen âge devient de plus en plus rare, mais au 20è siècle, Picasso l'utilise encore  !

A la Renaissance, tout change

Pierre noire, craie blanche et sanguine sont le trio tricolore gagnant

A partir de la Renaissance, pour les dessins préparatoires à leurs tableaux, les artistes italiens se servent beaucoup d'une pierre naturelle appelée "pierre noire" (matita en italien). Elle leur permet de dessiner plus vite avec une pointe de métal et d'esquisser de grandes compositions avec de belles nuances d'ombre et de lumière. La pierre noire est souvent associée à la craie blanche et à la sanguine (bâtonnet d'argile avec du fer de couleur orangée). Léonard de Vinci serait le premier artiste à avoir utilisé pour ses dessins la sanguine et, plus tard au 18è siècle, Watteau maniera les "trois crayons".

Le graphite, une mine à succès

A la fin de la Renaissance, en 1564, on trouve aussi en Angleterre les premiers gisements d'un minerai,  le graphite, qui va connaître rapidement un immense succès chez les dessinateurs. Le graphite est aussi désigné sous le nom de "mine de plomb" car ses reflets sur le papier rappellent ceux des pointes métalliques. Puis, au 18è siècle, le chimiste français Nicolas-Jacques Conté a la géniale idée de mélanger la poudre de graphite à de l'argile, de la mouler en forme de mine et de l'entourer d'un fourreau en bois de cèdre. C'est la naissance du crayon de papier que l'on utilise encore aujourd'hui.

Selon la proportion d'argile que la mine graphite contient, elle peut être tendre ou dure. Une mine très dure donnera un trait gris très clair et à l'inverse, une mine très tendre permettra de dessiner avec des traits épais et très noirs. La mine la plus tendre est graduée 9B et la plus dure 2H. Une mine HB est entre les deux, ni trop dure, ni trop tendre.  C'est pour ma part, l'idéal pour débuter.

Le pastel, pour ceux et celles qui aiment les couleurs tendres

Inventé aussi au 16è siècle en France et en Italie, le pastel a d'abord servi à réhausser les dessins avec de la couleur. Il est fait de pigments de couleur broyés, de l'argile (parfois de la cire) et une sorte de résine appelée gomme arabique. A partir du 17è siècle, c'est une technique très appréciée pour réaliser des portraits en raison de ses inimitables effets veloutés. L'Académie Royale décerne même le titre spécial de "peintre en pastel" aux plus brillants pastellistes de la cour de France. Au 19è siècle, Degas devient le roi du pastel !

Dessiner au 21è siècle

Les crayons de couleur apparaissent au début du 20è siècle et sont utilisés pour dessiner. Il existe une palette immense de coloris : chez les fabricants Caran d'Ache comme Faber-Castell, on a le choix entre plus de cent nuances.

Quant aux feutres, qu'on appelle aussi les crayons-feutres, ils sont apparus au Japon dans les années 1960. Beaucoup d'artistes contemporains apprécient le tracé de leur pointe en feutre, proche de l'encre, et la transparence de leurs couleurs, comme celles de l'aquarelle.

Le dessin sur ordinateur

Pour compléter ce tour d'horizon, il ne faut pas oublier la technique récente du DAO ou dessin assisté par ordinateur qui séduit aujourd'hui de plus en plus d'artistes. Le stylet et la tablette graphique ont remplacé le crayon mais à condition de connaître le logiciel, avoir un bon doigté et bien sûr un sens créatif, car sans lui, tous les meilleurs outils du monde ne servent à rien.

Personnellement, je préfère le contact avec la matière, et tant pis, si je me salis les mains !